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dimanche 2 novembre 2014

Les Collectionneurs de films

COLLECTIONS EN MOUVEMENT


L’idée de collectionner naît d’un besoin propre à l’individu. Car ils sont tout de même légion ceux à qui il ne vient pas à l’esprit de collectionner quoi que ce soit.

Ce besoin s’alimente souvent de l’envie de retrouver des objets du passé qui ont marqué la jeunesse. Mais il se nourrit aussi bien d’objets plus récents tels que porte-clés, cartes téléphoniques ou flacons de parfum.

Au fil des années, la collection progresse, alimentée de tous côtés grâce aux rendez-vous marchands (Argenteuil, Chelles, marchés aux puces divers pour nous), grâce aussi aux contacts pris par l’intermédiaire de structures comme l’ALICC, ou par les petites annonces des journaux, enfin, par le réseau de correspondants que l’on se forge petit à petit.

Vient un moment où la collection a pris beaucoup d’ampleur… et de place. Où les grosses envies ont été assouvies et où il faut songer à céder certaines pièces (moins essentielles, ou dont on s’est lassé) pour en acquérir d’autres qui renouvelleront l’intérêt du stock. Car avec l’âge, on sélectionne : tel film qui paraissait de première importance il y a trente ans se révèle avoir un moindre intérêt aujourd’hui. Pourquoi, alors, ne pas en faire profiter un collectionneur débutant qui retrouve, lui, les fortes envies de nos débuts ? Par vente ou par échange. C’est ce que j’appelle une collection en mouvement ou, plus justement, la vie d’une collection.

Bien sûr, il y a des oeuvres dont on ne se défera jamais. Ce sont généralement celles qui s’impriment dans nos souvenirs. Mais il y a les autres, intéressantes certes, mais moins justifiées, dont on s’est encombré un jour, sans trop réfléchir.

Tout ceci pour dire qu’une bonne collection de films ne doit pas être un entassement aveugle de bobines, mais une sélection raisonnée au fil du temps. Et l’âge nous mène irrésistiblement à un choix. Alors à quoi bon empiler les boîtes si – pour les gros collectionneurs en tous cas – on n’a peu de chance de les revoir toutes avant l’heure du départ ? Mieux vaut en faire profiter d’autres.

Et après nous ?
Oui, que deviendront-elles après nous, nos collections ?

Dans le meilleur des cas, nos femmes ou nos enfants, passionnés par le sujet, prendront la relève. Ou bien ils veilleront pieusement sur les reliques dont leur vie aura été plus ou moins nourrie. Projecteurs et films pourront aussi être dispersés entre plusieurs enfants ou amis intéressés.

Enfin, plutôt que de voir ces trésors aboutir dans une décharge, ce qui serait la pire des solutions, il est également simple et souhaitable d’en faire don à un musée ou à une cinémathèque régionale.

Ainsi, ce que nous avons eu tant de peine et tant de joie à réunir servira-t-il encore pendant longtemps à preodiguer plaisir et culture à nos semblables.

Je mesure ce que les plus jeunes d’entre nous pourraient trouver d’inopportun dans ce discours, mais tant pis. Il n’est ni morbide ni inutile de penser aux lendemains de notre inéluctable disparition.

En attendant, célébrons la vie et faisons-la bouger, notre collection.

Pierre Guérin – sous le pseudonyme Silvio Pelliculo – Infos-Ciné n°58 – Septembre 2004.

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